Immobilier : il vaut mieux être à deux

Posted on 5 mars 2012 par

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En ce moment, je cherche à déménager. Entendons-nous bien : j’aime bien mon appartement mais mes voisins sont trop bruyants, les putes et les dealers se battent en-dessous mes fenêtres sous l’œil goguenard des pochetrons et à passer des journées dans un open-space de huit personnes à peu près aussi calme que la Gare du Nord à l’heure de pointe, le soir, j’ai besoin de silence.

Après mes aventures un peu désastreuses avec les sites de location entre particuliers, j’ai décidé de me tourner vers les agences immobilières. Chou blanc. Et pour cause, j’accumule deux handicaps : un CDD et célibataire. Oui vous avez bien lu. Presque pire que d’avoir la lettre « A » cousue en rouge sur la robe au XIXeme siècle en Nouvelle-Angleterre.

Naïvement, je me disais que bien que j’étais en CDD, le fait qu’il soit de trois ans et dans l’Administration me donnerait peut-être un avantage. Après tout, les baux peuvent être de trois ans et quand on travaille dans l’Administration, à moins de buter son directeur, il y a peu de chances d’être licencié(e). Salaire assuré et donc loyer payé assuré.

Les agences immobilières m’ont claqué la porte au nez, ne me proposant que des cages à lapins dans des quartiers très similaires au mien voire le même quartier que celui dans lequel je vis. En bref, aucun intérêt. Première grimace. La deuxième grimace est venue quand j’ai dit que ce serait certainement ma banque qui se porterait garante. Deuxième claquage de porte au nez.

Le pompon a été décroché quand j’ai calmement énoncé que je m’installerais seule. Ce qui a soulevé la question de savoir pourquoi j’avais besoin d’un si grand espace si je comptais m’y installer seule. Le si grand espace en question désigne un 40m². C’est bien connu : les célibataires peuvent tout à fait vivre décemment dans un placard de 15m². Ne riez pas c’est ce qu’on m’a proposé, en sous-entendant lourdement que c’était me faire une faveur que de me montrer un tel bijou. Et en ajoutant que comme j’étais célibataire, je n’avais sûrement pas envie d’être dans un quartier calme, mais dans un « quartier qui bouge ». Bien sur, tout le monde sait que quand on est célibataire, on adore le bruit.

En bref, je me retrouve dans une situation que les Libanaises, Roumaines et Russes connaissent bien : être obligée de rester là où on est parce qu’on est célibataire. Mes compatriotes (les Roumaines) sont bien souvent obligées d’attendre un concubinage avant de pouvoir quitter le nid familial. Avant, c’était en raison des mœurs. Maintenant c’est en raison de la flambée de l’immobilier dans Bucarest. Même chose pour Moscou et Beyrouth.

Etat de fait qui m’a été confirmé hier soir par un ami d’un ami, agent immobilier de son état. En vrai, c’était plus mon statut de célibataire qui effrayait les éventuels propriétaires. Si je me retrouvais demain au chômage, ils n’auraient personne vers qui se tourner pour réclamer leurs loyers.

Douce ironie. Le fait d’avoir été capable de ne me débrouiller toute seule sans l’aide de personne est finalement ce qui me pénalise le plus.

J’en viens à me demander si je ne ferais pas mieux d’embaucher un « boy » qui ferait semblant d’être mon concubin afin de louer un logement.

Sur ce, je vais profiter d’un rare moment d’accalmie dans mon immeuble pour rattraper mes quelques mois de sommeil de retard.

Bonne nuit.

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